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LA FAUSSE SUIVANTE

Pierre de Marivaux

Mise en Scène :

Emilie Fabre

Scénographe & Assistante mise en scène : Claire Mittaine

Avec

Liza Beauvais

Julien Berthaud

Emilie Fabre

Claire Mittaine

Avec le soutient du Centre Paris Anim' Wangari Muaathai (Paris 20).

PRODUCTION EN COURS

Note d'Intention

Pour juger du caractère de Lélio, le fiancé imposé par son beau frère, une riche jeune femme décide de se travestir afin de se lier d'amitié avec lui. Elle apprend que Lélio courtise une Comtesse auprès de laquelle il a contracté une dette. Pour éviter d'avoir à rompre avec cette Comtesse et donc de rembourser cette somme, Lélio lui demande de séduire cette dernière.

 

La Fausse Suivante résonne avant tout comme une tentative d'émancipation. Marivaux se sert de l'amour comme d'un révélateur et démasque, sous cette forme exquise du discours amoureux appelé « le marivaudage », la bassesse et la cupidité de l'âme humaine.

 

Cruauté de la parole amoureuse mise en exergue par la fausse suivante lorsqu'elle courtise la Comtesse : la jeune femme semble agir par mimétisme des codes de séductions masculins en reproduisant malgré elle l'oppression patriarcale sur celle qu'elle aime. A l'heure où des slogans comme « Non, c'est Non ! » émergent dans les revendications féministes, il nous apparaît crucial de questionner le « Oui !» d'adhésion, symbole du libre arbitre féminin dans l'expression de ses choix sexuels et amoureux.

 

Cruauté aussi des codes sociaux qui obligent une femme à se travestir pour évoluer librement et duper ainsi son fiancé, ou qui maintiennent les valets dans une position servile où le cynisme et l'alcool résonnent comme autant d'expédients à une situation civile figée. C'est ainsi que Trivelin, valet de la jeune femme déclarera:

 

« j'avais entendu dire que les scrupules nuisent à la fortune, je fis trêve avec les miens, pour n'avoir rien à me reprocher ».

 

Arlequin, valet de Lélio, confondant amour et lingot d'or, cœur sensible, ivrogne et passionné, d'une naïveté touchante parce que sans cynisme, est la bouche enfantine par laquelle se décharge cette violence intégrée et digérée. Point de révolte chez Arlequin, si ce n'est un désir fort, sincère, d'aimer, d'être aimé, et d'avoir de l'or ... pour pouvoir le boire et oublier sa condition.

 

« Quand un pauvre homme perd de l’or, il faut qu’il meure ! 

 

Tour à tour symbole d'oppression, objet de raillerie et de mépris, c'est certainement le personnage le plus sincère, le plus attachant, et qui incarne le mieux l'espoir de cette pièce.

 

Véritable chant libertaire, La Fausse Suivante doit pouvoir parler à tous et être accueillie en tous types de lieux. C'est pourquoi la mise en scène doit être réduite à ses fondamentaux, c'est à dire s'adapter à tout type d'espace, user d'un éclairage et d'une scénographie minimale, centrer son travail sur la performance de l'acteur, tant dans la transmission du texte que dans la poésie plastique du corps. Prenant exemple sur Arlequin, c'est bien dans ce dénuement de mise en scène, mais avec passion, sincérité et amour, que nous entendons porter ce texte, tour à tour comique et féroce, opérant comme lui par le rire, tout en distanciation et en décalage.

 

A l'instar de cette citation de Milan Kundera, dans l'Insoutenable Légèreté de l’Être,

 

« Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est la vie même? C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse. Mais même "esquisse" n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau.» 

 

cette pièce est à l'image de notre vie, un brouillon, un essai de se lier à l'autre, bien parfois, mal souvent mais avec une soif inextinguible d'amour et de liberté. Les personnages se cherchent, se trompent, tâtonnent à travers des codes sociaux nouveaux, réinventés au gré des péripéties de l'intrigue, sans étalon ni mesure. Mais n'est ce pas la condition nécessaire pour construire un monde moins coercitif, plus juste, favorable à l'harmonie et à la noblesse des rapports humains. En écho de revendications récentes appelant à une société plus égalitaire tant du point de vue économique que féministe, le mouvement des Gilets Jaunes ou Metoo, cette pièce rédigée en 1724, continue de nous ébranler.

© Création Le nez dans l'herbe, Montreuil, avec Wix.com
 

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